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L’éthique dans le métier d’ingénieur

Dans l’économie globalisée du XXI e siècle, les chaînes de valeur sont fragmentées en immenses réseaux de sous-traitants à travers le monde, et dépendent de chaînes d’approvisionnement
complexes et énergivores. Dans ce contexte, les ingénieurs du monde post-moderne conçoivent des éléments ou des sous-éléments de systèmes qui, une fois assemblés en aval des chaînes de valeur, composent des produits, des services ou des infrastructures.
Face aux enjeux et aux impératifs de notre monde, la question de l'éthique dans le métier
d'ingénieur est devenue plus pressante que jamais. Elle nécessite une prise de conscience globale, des décisions et des actions vertueuses à chaque étape de l’innovation, tout au long du cycle de vie du service ou du produit. L’éthique détermine désormais le métier d’ingénieur.

Crédits : Unsplash ; Nathan Dumlao

Quelle place pour l’éthique en ingénierie ?

La notion d’éthique est devenue importante et urgente ces dernières années, mais elle faisait déjà partie du métier d’ingénieur. Qu’il s’agisse de la construction d’un bâtiment ou d’un avion, les professionnels devaient optimiser et sécuriser leur conception. Dans les années 70, on parlait déjà des impacts de la pétrochimie sur l’environnement, signe que la notion était déjà présente.

Aujourd’hui, le sujet éthique prend davantage d’envergure et s’étire dans la temporalité. Il s’agit de protéger sur le long terme, pas seulement les générations actuelles, mais aussi les générations à venir, la planète et son écosystème dans la durée.

La question de l’éthique devient globale. Le sujet moral concerne désormais, à la fois, le fond et la forme :

  • Ce que l’on produit
  • La façon dont on conçoit
  • Les répercussions des innovations

Par exemple, peut-on parler de conception éthique concernant l’industrie de l’armement même si les procédés de fabrication sont respectueux ?

Dorénavant, les ingénieurs doivent mesurer les impacts de leurs conceptions bien au-delà de leur usage, de leurs utilisateurs et de la durée de leur propre vie.

Le minimalisme devient un nouveau réflexe dans le métier : promouvoir la sobriété dans chaque action, apporter des améliorations minimes pour des résultats positifs, permettre la longévité. La magie c’est finalement faire avec peu et durablement ! Le terme anglais « Ethics by design » incarne ce concept.

L’ingénieur qui développe sa vision éthique a conscience que les dimensions sociales sont connectées aux aspects environnementaux. Si créer des sacs en fibre naturelle est vertueux, il est également important de s’attacher à la justice sociale qui entoure la récolte et l’exploitation de ces fibres.

Avant de penser à la réutilisation d’un produit ainsi qu’à son impact sociétal et environnemental, il est primordial de penser à sa nécessité réelle ; c’est-à-dire de pouvoir justifier son existence par un besoin impérieux.

L’éthique est gagnante si les répercussions (à 360°) sont vertueuses.

Le sens éthique de l’ingénieur peut être vu ainsi : l’envie de répondre à des besoins fondamentaux pour mieux vivre et améliorer notre monde. C’est le rôle originel de l’ingénieur et on a tendance à l’oublier ; en effet, c’est parfois le marché qui crée le besoin.

Quels sont les enjeux éthiques actuels ?

L’impact écologique : la préservation de la biodiversité, la gestion des déchets, l’équilibre du climat, la durabilité, la préservation des ressources naturelles, la sobriété énergétique, etc.

La protection de l’intégrité des personnes : l’IA et la data science, par exemple, ont fait émerger les risques de biais, de transparence, de confidentialité, de manipulation des informations personnelles, etc.

 La sécurité des produits et des infrastructures : chaque conception doit désormais envisager l’équilibre entre le risque et le bénéfice.

 La responsabilité sociale : veiller à la justice sociale, l’équité, l’inclusion, le respect de la diversité, etc.

L’éthique est-elle une limite à l’innovation ?


Le 2 février 2024, le parlement européen a adopté un cadre règlementaire au sujet de l’IA. Cet
évènement pose la question de la contrainte dans l’innovation.
Si le cadre limite une catégorie d’actions, il ne limite pas l’imagination à l’intérieur de ce cadre.
L’ingénieur compose déjà avec des contraintes : le budget, le délai, la technique, les moyens matériels,
etc.


Une règlementation peut également permettre à l’ingénieur de ne pas perdre de temps en explorant
trop de solutions. Par exemple, si certains produits sont interdits, les ingénieurs ciblent seulement les
pistes pertinentes. Ils investissent leur temps et leur attention dans des solutions utiles et responsables.
Ils investiguent dans la bonne direction immédiatement au lieu de corriger par la suite, car la question
éthique surgira quoi qu’il en soit à un moment ou un autre.


L’interdiction du plastique a permis à d’autres matières de voir le jour ou d’en réhabiliter d’autres,
comme les fibres naturelles.
La contrainte permet finalement de revenir à l’essentiel et à la simplicité.


Autre exemple : les low tech. La tendance est au minimalisme et à la sobriété. La surenchère
technologique n’est pas toujours la meilleure solution. Sans compter que le maximalisme est plus
difficile à modifier. En effet, il est plus facile de corriger 2 lignes de code que 20 et certaines
technologies plus anciennes et moins énergivores permettent de récolter le même résultat que les plus
récentes et les plus lourdes en matière d’énergie.


L’investissement en énergie est un calcul minutieux à faire. Si certaines solutions technologiques sont
énergivores mais permettent à termes de préserver des ressources, il peut être « rentable » de les
utiliser.


La société de consommation a créé l’obsolescence programmée des appareils et des produits.
Aujourd’hui, l’ingénierie doit concevoir avec simplicité, durabilité et le minimum d’impact. Les
meilleurs ingénieurs du futur seront capables de créer avec les contraintes imposées et avec
minimalisme.

Quelles sont les qualités de l’ingénieur qui favorisent l’éthique ?

  • L’empathie, l’écoute et l’observation : être capable de comprendre les besoins et les situations pour s’adapter et choisir la meilleure solution ;
  • La communication : pouvoir échanger autour des valeurs et des convictions dans des contextes pluriels (multiculturel, intergénérationnel, interdisciplinaire, etc.) ;
  • La curiosité intellectuelle : cultiver son intérêt pour des sujets variés, pour pouvoir synthétiser les informations et suivre les meilleures pistes ;
  • L’intégrité : savoir se positionner en fonction de ses convictions et de ses valeurs, quel que soit le cadre et le contexte ;
  • La résolution de problèmes : apprendre à contourner les difficultés et faire preuve de rebond en toute circonstance, notamment avec des contraintes ;
  • L’esprit critique : interroger les modèles et leur pertinence régulièrement, savoir remettre en question son mode de pensée et ses pratiques ;
  • L’anticipation : voir toujours au-delà de ce que l’on fait, sur le très long terme.

En développant ces soft skills, les ingénieurs renforcent leur sens éthique. Ils deviennent des acteurs conscients, responsables et engagés.

Les écoles du Concours Mines-Télécom accordent une grande place aux soft skills dans leur pédagogie. Les qualités personnelles sont évaluées pendant l’entretien avec le candidat lors du concours. Elles sont aussi encouragées, cultivées et développées tout au long du cursus.

Le développement du sens éthique en école d’ingénieur

Les écoles du Concours Mines-Télécom intègrent le sujet éthique dans leurs cursus pédagogique, à
travers des conférences, des cours et en l’incluant dans des cas pratiques. Elles encouragent la
réappropriation de la notion et le développement de l’éthique personnelle de chaque étudiant
ingénieur. L’interdisciplinarité est également une façon de travailler l’intégrité au-delà de sa
spécificité technique. Trouver l’équilibre éthique entre plusieurs disciplines qui ne poursuivent pas les
mêmes objectifs et ne répondent pas aux mêmes enjeux est un exercice difficile, mais passionnant !


Intégrer l’éthique à un projet concret permet à chacun de la conceptualiser et de la cultiver, comme par
exemple, mesurer l’impact carbone d’une chaîne de production. Illustrer l’éthique en sollicitant
l’intérêt de l’étudiant et son domaine technique lui donne des réflexes responsables pour sa future
carrière.


L’éthique est également présente dans toutes les actions des écoles du Concours Mines-Télécom et de
leurs associations : préservation de l’environnement, équité, diversité, etc. Un travail énorme est fait
au quotidien pour que les étudiants en ingénierie soient sensibilisés et investis sur le sujet.


L’éthique est devenue une composante essentielle du métier. Elle offre de grands défis à relever
et l’assurance, pour les ingénieurs, de participer au façonnement d’un monde plus juste et plus
sain.

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L’éthique dans le métier d’ingénieur

Dans l’économie globalisée du XXI e siècle, les chaînes de valeur sont fragmentées en immenses réseaux de sous-traitants à travers le monde, et dépendent de chaînes d’approvisionnement
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d'ingénieur est devenue plus pressante que jamais. Elle nécessite une prise de conscience globale, des décisions et des actions vertueuses à chaque étape de l’innovation, tout au long du cycle de vie du service ou du produit. L’éthique détermine désormais le métier d’ingénieur.

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La transition écologique : le nouveau prisme du métier d’ingénieur

La transition écologique est devenue un sujet impérieux. L’innovation doit aujourd’hui intégrer la responsabilité environnementale, ainsi que son cadre règlementaire. La durabilité et le respect de l’environnement sont également des demandes sociétales (de la part des acteurs politiques, des organisations et des citoyens).
L’ingénieur tient un rôle majeur face aux enjeux socio-écologiques de son époque, qu’il s’agisse de développement de produits ou de services. Ce prisme doit être présent dans toutes les étapes de son travail : conception, méthode et projection.
Pour résumer, l’ingénieur tient désormais compte du monde qu’il participe à façonner au-delà de sa spécialité disciplinaire.

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La double compétence ingénieur-manager, vecteur d’employabilité et de performance

L’ingénieur doit aujourd’hui relever des défis complexes dans un monde globalisant qui se
transforme de manière fulgurante. Les évolutions scientifiques, technologiques, économiques et
sociales, nécessitent des changements dans la façon d’envisager les métiers. La profession
d’ingénieur évolue dans ce sens et rayonne désormais bien au-delà de la spécificité technique.
Elle requiert une culture hybride et large, une capacité à collaborer avec des équipes
pluridisciplinaires et multiculturelles, et un bon nombre de soft skills comme la créativité, l’art
du rebond, l’esprit critique et le sens de l’éthique.
Tout ingénieur est aujourd’hui amené à manager. Choisir de se former en management avant
d’intégrer le marché de l’emploi est un pari gagnant. La double compétence ingénierie-
management est très recherchée par les organisations car elle est un accélérateur de
performance et l’opportunité de résoudre les problématiques de notre époque.

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