Les métiers de l’ingénierie du futur
Le métier d’ingénieur vit de grandes transformations grâce à la fulgurance des nouvelles technologies, leur ouverture et l’hétérogénéité des systèmes. Les enjeux sociétaux changent aussi la profession : les impératifs de la RSE et de la transition écologique façonnent les nouveaux contours du métier d’ingénieur.
La mutation industrielle ne va évidemment pas s’arrêter là. La robotisation, l’intelligence artificielle et la data science transforment le paysage industriel, quel que soit le secteur d’activité. Certains métiers disparaîtront et d’autres verront le jour. Les défis sociétaux et environnementaux passeront d’importants à urgents. L’ingénierie est une réponse à de nombreux défis, à condition de pouvoir les relever à travers une ambition vertueuse.
Quels sont les métiers de l’ingénierie du futur ? Quelles sont les compétences attendues ? Quels sont les challenges de la profession ?
Des questions qu’il est impératif de poser aujourd’hui pour honorer l’ingénierie de demain.
Les métiers de l’ingénierie du futur
La progression des métiers de l’industrie est révélée dans le rapport « Les métiers de 2030 » de la DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques). En cause : le besoin de se recentrer sur le cœur de métier industriel, pour faire progresser l’innovation en exploitant les nombreuses technologies émergentes. Certaines professions (en lien avec la maintenance des équipements et le contrôle qualité par exemple) sont devenues nécessaires à d’autres domaines, comme les cabinets de conseil ou le commerce. Le marché demande donc davantage d’ingénieurs.
Le rapport évalue une progression de 26% pour les métiers de l’ingénierie informatique. En 8e position, on trouve les professions d’ingénieurs et cadres techniques de l’industrie avec une progression de 24%.
L’élargissement des champs d’activité et les nouvelles spécificités modifient le métier et créent un besoin important en recrutement. Une aubaine pour les jeunes diplômés en matière d’employabilité !
Les disciplines qui recruteront davantage d’ingénieurs dans les années à venir
- La géomatique
- L’informatique
- La cybersécurité
- La robotique
- Les énergies renouvelables
- Les industries minières et pétrolières
- Les matériaux rares
Les nouveaux métiers en ingénierie
Les ingénieurs en data, IA, réalité virtuelle (RV/RVA), simulation numérique, efficacité énergétique, cybersécurité et product life management sont déjà à l’œuvre. Leur nombre va encore augmenter et les divisons par spécialités vont se multiplier pour répondre aux besoins de plus en plus pointus d’une innovation personnalisée, performante et vertueuse.
De nouveaux métiers font leur apparition sur le marché et devraient grimper dans les scores du recrutement dans les années qui viennent, en voici quelques-uns :
- LeBIM (Building Information Modeling) manager est chargé de toute la maquette numérique d’un projet de construction de bâtiments, à chaque étape, en couvrant toutes ses caractéristiques et tous ses besoins (moyens humains, délais, coûts, démarches administratives…)
- L’ingénieur en fabrication additive est spécialisé dans l’impression 3D. Il assure la réalisation des pièces industrielles pour optimiser les process de fabrication.
- L’ingénieur en cobotique facilite la collaboration entre les humains et les robots.
Les défis de l’ingénieur du futur
Les challenges ne manquent pas en matière d’ingénierie, ils concernent les transports, les énergies, le BTP, la santé… et bien d’autres domaines d’activité. On peut citer par exemple l’aviation tout électrique, le développement des smart building ou la recherche de nouvelles sources d’énergie.
Voici les principaux défis que les ingénieurs devront relever :
- La transition écologique
- La protection de l’environnement (écosystèmes et territoires)
- La prévention et la gestion des crises climatiques, la prospective des conséquences sociétales
- La préservation des ressources
- La sobriété des modes de consommation et de transport
- La sécurité des personnes et des systèmes
- La gestion, le traitement, la sécurité et le stockage des données
- L’intégrité et l’éthique des technologies
- La cohabitation fructueuse des hommes et des machines
- L’interopérabilité des systèmes
Les paradoxes sont nombreux parmi les défis de l’ingénierie. Le « tout-technologique » n’est pas toujours une réponse, car parfois les enjeux se heurtent.
On peut citer l’exemple des véhicules sans conducteur qui génèreraient un déluge de données, responsables d’un fort coût environnemental. Le frottement dans ce cas est important entre innovation industrielle et contraintes écologiques.
Les atouts de l’ingénieur du futur
La globalisation de l’innovation impose aux ingénieurs une prise en compte de l’interculturalité, qui passe évidemment par une internationalisation et une mobilité des études, ainsi que des parcours.
La mondialisation n’est pas le seul changement. L’étendue des nouvelles technologies en est un autre. Elle implique une imbrication et un croisement plus denses des disciplines. Avant, l’ingénieur travaillait dans un domaine et sur un sujet précis, aujourd’hui sa spécialité est reliée à d’autres expertises, à des paramètres variés et à des technologies nombreuses. Il est donc toujours un spécialiste, mais un spécialiste ouvert sur les autres sujets, conscient des contextes et des enjeux au-delà de sa matière. Son ouverture d’esprit et sa curiosité intellectuelle sont donc primordiales.
La complexité et la pluralité des systèmes mobilisent aussi davantage d’interlocuteurs et donc davantage de collaboration. La personnalisation des technologies, des services et des produits induit la pluralité dans les équipes de conception : diversité des profils, mixité générationnelle, sociale, culturelle et de genre. L’agilité, la communication, l’adaptabilité sont donc des atouts imparables pour rendre le collaboratif performant et fructueux.
Quant à l’innovation, elle est évidemment nourrie par la force de proposition, l’esprit critique, la créativité, la remise en question. Développer son libre arbitre, bannir la pensée dominante, créer de nouvelles valeurs font partie des attentes en termes de compétences personnelles.
Le numérique est partout et en permanente évolution. Se former régulièrement est donc nécessaire pour rester « connecté » et s’adapter à la croissance des technologies.
Enfin, la prise en compte de la RSE est une nécessité. L’ingénieur devra être formé aux questions éthiques et être capable de créer une innovation vertueuse. Sa capacité d’anticipation sera capitale.
Les qualités et les compétences humaines de l’ingénieur du futur
- Capacité à travailler dans un environnement multiculturel et interdisciplinaire
- Mobilité
- Compréhension des enjeux technologiques, sociétaux, environnementaux
- Compréhension de l’interconnexion des disciplines
- Adaptation, agilité et souplesse
- Anticipation
- Remise en question
- Créativité
- Esprit critique
- Capacité collaborative
- Intelligence émotionnelle
- Management (interculturel)
- Coordination et gestion de projet
- Flexibilité cognitive
- Curiosité intellectuelle
- Résolution de problèmes complexes
- Orientation résultats
- Sensibilité éthique
- Capacité à se former régulièrement
- Aisance relationnelle et simplification du propos
- Esprit d’analyse et de synthèse
- Aptitude à convaincre, fédérer, expliquer
- Capacité à faire des choix technologiques
L’innovation peut répondre aux enjeux sociétaux, industriels et environnementaux, à condition de savoir exploiter le plein potentiel des technologies et de leurs acteurs, de pouvoir croiser et relier les disciplines entre elles, et d’avancer dans un souci éthique. A l’heure où la sobriété est prônée et où le ralentissement s’impose face aux risques de crises, les ingénieurs doivent créer et s’adapter rapidement pour rendre notre monde innovant et durable tout à la fois.